Cinq conseils pratiques pour améliorer le taux de mise bas

Par : Isaac Huerta, Responsable des Services techniques chez PIC en Europe

Le taux de mise bas est l’un des premiers facteurs de performance et de rentabilité d’un élevage porcin, fait remarquer Isaac Huerta, Responsable des Services techniques chez PIC en Europe. Pour lui, cinq points cruciaux sont à surveiller pour prétendre à un taux de mise bas satisfaisant : la détection des chaleurs, le protocole d’insémination, la gestion/stockage de la semence, la conduite alimentaire et la gestion de l’état du cheptel, et le choix de cochettes/truies adaptées.

Prêtez attention à la détection des chaleurs

La détection des chaleurs commence par la compréhension du fonctionnement du cycle de chaleur, explique Isaac Huerta.

« Le taux de mise bas va être corrélé à la capacité de l’élevage à trouver des femelles en chaleur au bon moment », précise Isaac Huerta. « Le fait de rater la chaleur de 24 heures risque de compromettre les performances. »

Il suggère donc aux éleveurs de repérer et d’identifier les femelles donnant de premiers signes de chaleur (gonflement de la vulve, écoulement muqueux, oreilles qui se dressent mais qui ne s’immobilise pas avec le verrat). On recommandera par ailleurs de laisser d’abord les cochettes s’habituer à un verrat, avant de procéder à la détection de la chaleur.

Le graphique visible ci-dessous met en évidence la fenêtre d’accouplement souhaitée pour atteindre un taux de fertilité ciblé de 95 %.

Illustration 1 : Fenêtres d’insémination, sur la base d’une détection de chaleur par jour
Source : Services techniques PIC

Enfin, il est important d’exercer une forte pression sur le dos de la femelle, comme le ferait un verrat lourd, et « si vous êtes dans le doute, de s’asseoir sur la truie : si elle ne bouge pas et qu’elle est silencieuse, c’est le bon moment pour l’inséminer ; si, en revanche, elle se débat ou émet des grognements, mieux vaut attendre », ajoute-t-il.

Prenez votre temps avec le processus d’insémination

La reproduction s’apparente un peu à un art, fait valoir Isaac Huerta. Au-delà des protocoles d’insémination en général, l’administration d’une dose de semence prend en effet plus ou moins de temps selon la truie ou la cochette dans le cas d’une insémination artificielle conventionnelle. Un reflux de semence est le signe que le processus est trop rapide : il convient alors de le ralentir.

Chaque femelle est différente et les opérateurs ne possèdent pas toujours le même niveau d’expertise ; il n’existe pas de durée fixe pour le processus d’insémination.

« Les cochettes forment un groupe à part entière et doivent être traitées en tant que telles », déclare Isaac Huerta, qui ajoute qu’une moyenne de 3 min pour l’insémination n’est probablement pas assez longue. Par ailleurs, si l’opérateur constate un reflux de semence, cela signifie qu’il y a un problème.

Gardez à l’esprit la qualité de la semence

Préservez la qualité et la fertilité de la semence, souligne Isaac Huerta, qui en profite pour insister sur l’importance de l’âge de la semence. « Toute commande excessive risque de vous obliger à utiliser des semences anciennes », prévient-il. « Sachant qu’une dose de semence peut faire baisser le nombre de nés totaux de 0,3 porcelets et réduire le taux de mise bas de 2 % par jour de stockage, il vaut mieux recevoir plus fréquemment de la semence, par exemple, deux ou trois fois par semaine. »

La température de la semence est également importante. « La semence doit être stockée entre 16 et 18°C », recommande Isaac Huerta. « Une fluctuation de 2°C peut réduire la durée de conservation à une journée ! »

Déballez les doses de semence avant de les placer dans l’armoire de conservation, en prenant soin de les stocker horizontalement et espacées pour permettre la circulation de l’air. Vérifiez tous les jours la température de l’unité de stockage, et lorsque vous prélevez de la semence pour l’utiliser, placez-la dans un récipient isolé avec des gel packs pour maintenir la température. Les doses de semences destinées à l’insémination artificielle post-cervicale (IAPC) avec moins de volume et de concentration sont plus sensibles aux fluctuations de température et nécessitent une attention particulière, précise Isaac Huerta.

« On a affaire ici à un aller simple », dit-il de façon imagée. En d’autres termes, toute semence inutilisée dans le bloc insémination ne doit pas être replacée dans l’armoire de conservation pour un usage ultérieur. Le personnel chargé de la reproduction doit donc savoir combien de truies ou de cochettes sont à inséminer pour éviter d’emporter trop de doses sur place.

Gros plan sur la conduite alimentaire et l’état corporel du cheptel

Contrôlez l’état corporel individuel des truies à chaque bande pour gérer les femelles trop grosses ou trop maigres, fait observer Isaac Huerta. Pensez à réaliser l’opération régulièrement, et prévoyez d’ajuster l’alimentation en conséquence. Il suggère aux éleveurs d’évaluer les cochettes et truies au moment de la saillie, puis respectivement à 4, 8 et 12 semaines de gestation.

« Utiliser un Caliper afin d’évaluer objectivement l’état corporel des animaux et d’adapter ainsi votre programme alimentaire », propose-t-il.

L’intervalle sevrage-saillie et l’intervalle inter-œstrus sont tous les deux de bons indicateurs de la gestion de l’état du cheptel et de l’alimentation appropriée en lactation.

« Quand l’alimentation en maternité est adéquate, il y a davantage de truies à inséminer les jours 4 et 5 après le sevrage », explique-t-il.

Choisissez les bonnes femelles

Il est conseillé de faire de la réforme un outil de gestion, et pour cette raison, les éleveurs doivent prendre l’habitude d’éliminer de leur troupeau les 10 % des femelles les moins productives. La réforme donne aux éleveurs la possibilité de limiter le nombre de femelles de parité élevée dans l’élevage, tout en éliminant aussi les truies de faible parité qui n’ont pas de bonnes performances ou rencontrent un problème ne leur permettant pas de faire une autre portée.

« Comme l’atteinte de l’objectif de reproduction sera toujours une priorité, il faut se concentrer sur l’optimisation de l’entrée des cochettes et sur la réduction de la réforme involontaire », indique Isaac Huerta. Les problèmes d’aplombs sont souvent la première raison d’une réforme involontaire.

Pour minimiser ce facteur :

  • Sélectionnez les cochettes dont les aplombs présentent une bonne structure
  • Contrôlez l’état corporel
  • Utilisez éventuellement du sulfate de cuivre (pour éviter tout excès d’humidité au sol) si vous constatez de gros problèmes de boiterie dus à la fissuration des onglons ou à des lésions de la sole.

Constituez les parcs avec des truies de taille et de parité similaires si un hébergement en groupe est prévu. Veillez également à faire entrer dans chaque lots des cochettes en quantité et qualité satisfaisantes, prêtez attention à l’induction de la puberté, et considérez votre quarantaine ou votre salle de cochettes comme l’avenir de votre élevage en l’érigeant en priorité, indique Isaac Huerta.

Les détails comptent lorsqu’il s’agit d’améliorer le taux de mise bas. « Chaque action a peut-être un faible impact à elle seule, mais cumulée à d’autres, elles peuvent avoir un très fort impact au final. C’est en comprenant les indicateurs affectants le taux de mise bas et en mettant en œuvre une stratégie permettant de l’améliorer que l’on obtient de meilleures performances », conclut Isaac Huerta.

Pour plus d’information, contactez votre équipe PIC.